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Journaliste de mode prise en flagrant délit de lecture du "défilé des vanités". Pull et étole de fourrure MARNI -Top forme cape VALENTINO - Chevalière CHARLOTTE STONE

Comme préambule à la semaine des défilés de prêt-à-porter parisiens qui débutera la semaine prochaine, je reviens vers ce blog que j'avais hélas délaissé pour cause de rendus de dessins divers et variés. 

C'est Cécile Sépulchre qui, me contactant pour me parler de son livre, m'a donné envie de faire ce dessin à toute allure pour illustrer son texte ci-dessous. L'histoire de Cécile est intéressante. Vous connaissez toutes ce livre, qui décrit fort justement le microcosme des rédactions de mode. J'en avais parlé ici. Ce que j'ignorais en revanche, c'est que très peu d'exemplaires avaient été imprimés car la maison d'édition d'alors avait fait faillite peu de temps après la publication du livre. Je vous livre donc les dessous de l'affaire (en quasi exclusivité, d'autres blogueuses en parleront également). 

Pourquoi en parler? 

-Parce que le livre est tout simplement bon. 

-Parce que le fait que le livre soit sorti en même temps que la suite du diable s'habille en Prada, c'est juste énorme. Le rouleau compresseur du marketing à l'américaine face au petit frenchie.

Je vous retrouve dès lundi prochain sur ce blog, et sûrement avant sur FB et Instagram!


Le Défilé des vanités

Les coulisses d’une saga

Par Cécile Sepulchre

 

 La récente parution poche du roman Le Défilé des vanités est l’aboutissement d’une incroyable saga, racontée pour la première fois ici.

 Le Défilé des vanités aura déjà mis cinq ans à mûrir, entre prises de notes sur les réflexions et les anecdotes entendues ici et là. Dévoiler les coulisses, piocher dans quinze ans d’histoires drôles (véridiques) et de dialogues entendus, expliquer simplement ce monde compliqué, écrire un premier roman de 400 pages, évoquer un poste que j’ai choisi de quitter… l’affaire était sensible. Ensuite il a fallu trouver le temps : les journalistes en poste comprendront, puis trouver un éditeur : les auteurs comprendront…

 Et puis, un jour, après bien des aventures, on appuie sur le bouton envoi et le manuscrit s’envole…

Un jour, une bonne fée pointe son nez : les éditions Balland. Elle ne sera pas seule…

 Mais la mauvaise fée monte vite au créneau. Un jour, mon éditeur m’invite à découvrir le livre. En partant, je croise le coursier d’un bureau de presse qui me remet un paquet que je glisse dans mon sac. Chez Balland, j’ai dix minutes de bonheur, lorsque je tiens enfin ce roman tout chaud. Puis j’ouvre l’enveloppe dans mon sac et découvre… La Vengeance en Prada, mastodonte américain lancé avec des moyens colossaux.

Pire, avec leurs couvertures similaires les deux romans ont des airs de fausses jumelles arrivant avec la même robe dans une soirée. J’aurai l’occasion de papoter avec l’auteur lors de sa fastueuse soirée de lancement. En repartant, je me sentirai bien seule. Dans les librairies, à côté des piles colossales du rouleau compresseur américain (100 000 exemplaires) mon petit Défilé rase les murs. Le plus souvent il est introuvable. Balland semble en difficulté. C’est David contre Goliath. De plus, le roman, préparé en deux mois, est arrivé bien trop tard pour certaines rédactions.

 Mon blues est de courte durée car les bonnes critiques arrivent de toutes parts. Notamment, dans le Figaro Magazine, un super article de Fréderic Beigbeder comparant Le Défilé versus La Vengeance. C’est le mien qui remporte tous les lauriers. Il lui prédit en coulisses un destin à la 99 francs, dont la première phase de lancement fut compliquée par une certaine censure. Pourtant, les critiques toutes positives, se multiplient. Euphorie.

 Le livre atterrit dans le même temps chez un avocat hostile qui ne trouve heureusement rien à redire. Celui de Balland a bien bossé. Les griffes, elles, s’amusent de l’histoire. Des félicitations de professionnels affluent. Dans le monde de la mode, personne ne remet en cause la véracité de mes dires, ni ne tente un décodage de ce roman à clef. Les plus jeunes ont envie que de nouvelles règles soient posées.

J’aurais pu aussi bien me faire descendre. L’air du temps est à l’exploration des coulisses, à la désacralisation et surtout… ce milieu a de l’humour !

 Le démarrage en fanfare du Défilé des vanités tient donc du miracle. La sortie à cloche pied paraît sauvée par cette folle série d’articles ; près de 70. Rarissime pour un premier roman. Cerise sur le gâteau, j’atterris sur plateau du Soir 3.

Alain Goldman, grand producteur oscarisé (La Môme) envisage un film. Des éditeurs se disputent les droits poche. J’ai la tête dans les étoiles.

 

Mais la mauvaise fée revient. Alors qu’un succès se met en place envers et contre tout, Balland, achève son dernier vol plané et pique du nez, plantant distributeurs et médias. Des TV cherchent en vain à me joindre. L’éditeur sort des radars, avant d’être mis en liquidation. So sad… La diffusion est bloquée, mes droits d’auteur partent à la trappe et cette version disparaîtra à jamais. Adieu cette couverture amoureusement bichonnée avec Aurore de la Morinerie, la déesse de l’illustration.

Big blues… me voici abandonnée en haute mer.

 Pourtant, le livre intéresse toujours autant. Des bloggeuses me lancent une bouée. Une chaîne de solidarité menée par l’une d’entre elles, Laetitia Noblet, se met en place. Nouveaux articles positifs notamment dans L’Avenir, quotidien belge qui publie une double page, reprise par la radio.

Des jeunes m’envoient des croquis de la couverture, demandent conseil. Des échos positifs reviennent de toutes les tranches d’âges, de 16 à 96 ans et de tous les milieux socio-culturels, initiés ou non ; de la business-women à sa secrétaire, en passant par le mari intello. Les lectrices laissent de magnifiques commentaires sur le web. Pourtant le livre devient introuvable.

 En attendant le déblocage juridique, il me reste aussi les droits numériques. Heureusement. Après une petite étude, je lance une auto-édition avec la jeune start-up Librinova. La démarche est insolite mais ça marche. Aurore de la Morinerie m’offre la nouvelle couverture. Dans le même temps, un contact direct s’établit avec J’ai Lu et Points, qui souhaitent depuis le début, lancer une version en poche. Je récupère enfin mes droits. Finalement, ce sera Points qui croit très fort au roman et veut le relancer comme un inédit, compte tenu des circonstances. Le vent tournerait-il ?

 

En juillet nouveau coup de théâtre. Depuis mes vacances provençales, je découvre mon petit e-book en troisième place des meilleures ventes de romans français numériques. Et il restera longtemps en première place de la littérature humoristique sur Amazon. Sans le soutien marketing d’une grande maison, c’est incroyable. Une agent chinoise, recommandée par Olivier Lebé, prix du premier roman, propose un contrat. Je choisis de conserver d’autres droits étrangers.

 À la rentrée, nouvelles modifications du roman qui entre en fabrication chez Points. Impressionnante organisation. Une autre couverture conforme à leur collection est mise au point. La tour Eiffel signale que oui, pour une fois, c’est en France, capitale de la mode que se déroule l’action. Paris qui fascine tant le monde… Les médias continuent de me contacter via les réseaux sociaux. Je me retrouve dans plusieurs émissions de TV, devisant d’histoire de la mode et des mœurs étonnantes de cette chère tribu.

 

Comme il est dit que rien n’est simple, j’apprends que La Vengeance en Prada sortira en poche aux mêmes dates. Encore !!! Ce sera l’ultime étape du test sur l’importance nouvelle du marketing à l’américaine dans l’édition. Dernier pied de nez du hasard, le jour de la sortie poche, je reçois un décompte de mes droits Balland perdus.

 Mais peu importe. Le 22 janvier, c’est la sortie du poche. Une visite chez Gibert me laisse euphorique. Le roman, invisible lors du premier lancement, est cette fois-ci, aux meilleures places, entre les plus grands auteurs. Une bonne surprise car les libraires se fient généralement aux résultats du livre grand format pour décider du montant de leurs commandes. Dans mon cas, ils sont faussés, mais plusieurs ont suivi l’histoire et semblent décidés à lui laisser sa chance. De nouveaux articles et interviews TV sont annoncés jusqu’en avril.

Cette fois ci, le terrain paraît plus favorable, et je suis enfin au chaud, dans un beau vaisseau. Happy

 

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