(les filles de Cacharel ont des Ipad dans des pochettes en latex rose fluo)

Samedi: Cacharel. La collection de Cédric Charlier est vraiment réussie. Facile à porter, facile à vendre. J'ai tout aimé: les couleurs, les lunettes Cuttler & Gros que l'on attendait avec impatience, les sandales à crêtes de bébé dinosaure, les pochettes pour Ipad... Et même si c'était un bataillon impressionnant de jolies filles qui présentaient les vêtements, on les imagine volontiers sur des filles normales à grosses qui les rendraient séduisantes

(les filles Loewe ont des robes en cuir kaki et des touches fluo) 

Le soir: le défilé Loewe. La sage maison espagnole qui cartonne avec ses sacs, nous invite dans un cadre somptueux (l'école de médecine) et sert une collation chic aux chandelles servie par des garçons en livrée. Les invités sont assis sur d'élégantes chaises Napoléon III, les japonais photographient le décor. J'en vois même un qui photographie les tasses de thé. La collection est impeccable comme d'habitude. Le fameux amazona a des anses oranges fluo, on le veut toutes.

(La tasse à thé était peut-être griffée "Loewe"? je ne les ai pas vues de près, j'étais en standing)

Dimanche: c'est le rassemblement pour le défilé Céline. On enquête pour savoir où ça se passe. Le public y est incroyablement raffiné. C'est beaucoup mieux qu'un mariage dans le Vogue UK! Il y a une telle concentration de sacs Céline, Hermès, Fendi que des "ziva" qui passent par là (on est à une porte de Paris) nous demandent: "hé m'dame, c koi la?" Je les photographie pour l'Express (les rédactrices, pas les ziva). Puis je fonce au Palais de Tokyo pour le défilé de Costume National. 

(encore un sac que je désire...)

Beaucoup de gens pensent que Costume National est japonais. En fait c'est italien et c'est du beau savoir-faire italien. Ennio Capasa, le designer et fondateur est un homme discret qui a fait débuts comme assistant de Yamamoto. Ses vêtements sont impeccables, le style sûr et le rapport qualité/prix excellent. Costume National a été dans les années 90 avec Helmut Lang la marque dont tous les stylistes rêvaient de travailler pour. Plus connue pour l'homme, il n'y a pas un designer qui n'ait pas dans son dressing un costume de Ennio Capasa. Pour l'été prochain Capasa qui a toujours fait dans le marine et noir nous présente des couleurs "pop". Surprise. En plus d'être un architecte du vêtement, il est un coloriste. Je rêve alors d'être aussi une femme Costume National.

Lundi: c'est l'inauguration du flagship H&M des Champs-Elysées dont l'architecte est Jean Nouvel. Je me demande pourquoi je suis invitée, je n'ai jamais glorifié H&M sur ce blog. Mais tout le monde est excité par la soirée, l'invitation est magnifique: un bloc de plexi orange et puis c'est quand même Jean Nouvel et comme je suis snob, j'y vais. 

H&M a décidé de s'attaquer à une nouvelle clientèle: les snobs et veut en s'installant aux Champs dire que c'est follement chic de s'habiller chez eux. 

H&M en fait, je n'aime pas. Je préfère sa rivale Zara, plus stylée. Le H&M de Nice est particulièrement glauque. Le samedi, les vêtements traînent par terre, aucun client ne prend la peine de les ramasser (ce qui n'est pas cher, ne vaut rien, c'est bien connu) et les vendeurs ont bien trop à faire. Donc tout le monde piétine ces vêtements que des chinois épuisés ont confectionné. Ces magasins me filent le cafard. À l'heure où on réalise qu'il faut économiser nos réserves et la Terre qui nous nourrit, l'industrie du vêtement n'en a cure et produit à perdre haleine des tonnes de frusques. Gaspillage de matières premières naturelles, gaspillage d'énergie humaine, surabondance d'acrylique polluante... Tout cela pour un énième Tshirt qui va s'entasser dans une armoire bien remplie et qui va finir un an plus tard en chiffon pour faire les vitres. C'est un des aspects de la mode que je n'aime pas. Même si je sais que cela fait tellement de bien de pouvoir s'offrir du rêve à portée de bourse.

Mais là c'est trop. Il y a un max de people scintillants (qui vont chez H&M? je n'y crois pas une seconde). Ce principe de se faire de l'argent sur le dos des pauvres me fatigue. (C'est qu'il faut se faire une sacrée marge pour s'offrir un Jean Nouvel, un tel espace sur les Champs et tous ces people). Je ressors de là en me disant que décidément Jean Nouvel ou pas je ne suis pas une femme H&M.

je reprends l'avion pour ma province le lendemain bien contente de retrouver ma ville avec ses enseignes cheap mais qui au moins restent à leur place.