Ce post est le premier d'une série sur la mode à travers les poupées. J'ai un gros faible pour les poupées. Pas celles qu'on collectionne, un peu figées, qui font peur... Non, celles qui "collent" à la réalité. Celles qui me font stopper devant une vitrine en me disant : "quelle leçon de style pour une petite fille!"
Je commence par une poupée qui me fascinait quand j'étais enfant: la poupée de la Comtesse de Ségur.
La Comtesse de Ségur, pour ceux qui l'ignore, est un écrivain du XIXème siècle. Elle est née en Russie. Son père, le Comte Rostopchine avait organisé le fameux incendie de Moscou devant les armées de Napoléon. En disgrâce peu après il s'exila en France. sa fille épousa le Comte de Ségur, eut huit enfants et décida sur le tard (à 58 ans) d'écrire des contes et des romans pour ses petits enfants. Ils furent rapidement publiés.
Avec des détails autobiographiques, son oeuvre est largement intéressante pour la représentation du quotidien des enfants de l'époque.
Dès que j'ai su lire, ma Grand-Mère qui était très "vieille France" et qui avait sur le chapitre de l'éducation des principes non négociables, m'a remis solennellement "Les malheurs de Sophie". Je l'ai dévoré et lu la quasi-totalité de son oeuvre avec avidité. Et ce qui m'avait "scotché" à l'époque, c'est la description d'une poupée que reçoit une des héroïnes dans "les petites filles modèles". Je vous laisse découvrir.
"... Marguerite était enchantée de sa jolie poupée et de son trousseau. Dans le tiroir d'en haut de la commode, elle avait trouvé:
1 chapeau rond en paille avec une petite plume blanche et des rubans de velours noir;
1 capote en taffetas bleu avec des roses pompons;
1 ombrelle verte à manche d'ivoire;
6 paires de gants;
4 paires de brodequins;
2 écharpes en soie;
1 manchon et une pèlerine en hermine.
Dans le second tiroir:
6 chemises de jour;
6 chemises de nuit;
6 pantalons;
6 jupons festonnés et garnis de dentelle;
6 paires de bas;
6 mouchoirs;
6 bonnets de nuit;
6 cols;
6 paires de manches;
2 corsets;
2 jupons de flanelle;
6 serviettes de toilette;
6 draps;
6 taies d'oreiller;
6 petits torchons.
Un sac contenant des éponges, un démêloir, un peigne fin, une brosse à tête, une brosse à peignes.
Dans le troisième tiroir étaient toutes les robes et les manteaux et mantelets; il y avait:
1 robe en mérinos écossais;
1 robe en popeline rose;
1 robe en taffetas noir;
1 robe en étoffe bleue;
1 robe en mousseline blanche;
1 robe en nankin;
1 robe en velours noir;
1 robe de chambre en taffetas lilas;
1 casaque en drap gris;
1 casaque en velours noir;
1 talma en soie noire;
1 mantelet en velours gros bleu;
1 mantelet en mousseline blanche brodée."
 Moi j'étais épatée (et le suis toujours). Ma soeur et moi, relisions la liste avec respect, rêvassions et trouvions que notre Barbie, à coté, faisait petite joueuse.
Je n'épiloguerais pas sur cette opulence, sur la différence magistrale entre celles qui à l'époque n'avait rien et celles qui "avaient". J'ajouterais l'intérêt que procure cette liste comme indication sur la façon dont les femmes s'habillaient alors. Pour finir, j'ajouterais que la collection que je lisais à l'époque, était magnifiquement illustrée par JOBBÉ-DUVAL (ci-dessous) et la couverture était elle, illustrée par le célèbre Marcel MARLIER bien connu pour avoir dessiné "MARTINE". (collection toujours en vente aujourd'hui chez Casterman).
C'est tout aujourd'hui pour les poupées. 

La semaine prochaine, retour au XXIème siècle: les New-Yorkaises et les poupées.