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vendredi, octobre 14 2011

Fashion week parisienne # 3 (fin)

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Vu en face de moi au défilé de Felipe Oliveira Baptista, deux habitués des shows qui confirment ce que l'on pense tout bas: 

quand on n'est pas filiforme, grand ou beau et qu'on travaille dans la mode, il faut forcer sur le look.

La période des défilés et des salons professionnels sont les occasions, je le répèterai toujours, de voir ses co-religionnaires et de se sentir, accessoirement, moins seul lorsqu'on a un style personnel et fort.

Cette dame aux cheveux rouges que je vois souvent mais dont j'ignore la profession (si quelqu'un le sait?) avait cette fois expérimenté le port du rouge à lèvres audacieux façon geisha. Malheureusement, dans cette couleur, cela lui faisait une moustache d'Hitler étonnante. Grâce soit rendue aux fashionnistas qui défrichent le terrain à leurs risques et périls. Je les aime.

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Le polo emblématique de Fred Perry dessiné par le groupe de rock The Specials.

L'autre aspect de la fashion week, ce sont les soirées données par des marques ou les "after" comme il est de bon ton de les appeler. L'after de Gareth Pugh, la soirée de Terry Richardson et j'en passe ont été les moments courus de cette semaine. Mais il n'y a pas que les soirées des créateurs et autres personnages influents de la mode qui avaient droit de cité. D'autres soirées valaient le déplacement. Comme celle de Fred Perry. Fred Perry, c'est cette marque aux lauriers qui a fait un coming back réussi. Mais Fred Perry, c'est outre Manche une institution, le fer de lance de la working class triomphante et le signe de ralliement des néo mods et du monde de la Brit rock en général. Ce soir là, Fred Perry invitait dans l'ancien hôtel particulier de Georges Bizet à fêter l'after du concert du groupe mythique The Specials. Comme à l'entrée d'un défilé où l'on voit des créatures bigarrées portant les vêtements du créateur en question, ce soir- là se pressaient des fans du groupe et de la marque tous en polos, avec un look de mods, une rangée de scooters vintage garés devant la porte. Quinquagénaires, quadra, post ados, tous se mélangeaient. Un régal pour les yeux. Car même si ce sont les journalistes de Technikart ou des Inrocks qui sont présents dans ce type de soirée plutôt que ceux de Vogue ou de ELLE, c'est cela aussi (et peut-être surtout) LA MODE.

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Une autre particularité de ces semaines de la mode, ce sont les brunchs organisés par les marques pour présenter de nouveaux produits. Le brunch chez Merci organisé par Puma a clôturé la fin de la fashion week. La sympathique styliste Sakima M'sa a mis au point un sac sur la base du grip bag mythique de la marque. Réalisé à partir de bleus de travail récupérés chez Emmaüs, il est vendu en exclusivité chez Merci (il n'y en a que 100).  Sakina est une fille formidable. Elle a développé sa marque à travers un engagement social auprès de ceux qui sont confrontés à la précarité de l'emploi. Ses collections sont fabriquées dans le quartier de Barbès à Paris. Et son activité est basée sur les valeurs du développement durable et de l'économie sociale. Elle est soutenue par la fondation PPR pour la dignité et les droits des femmes. Ainsi PPR, Puma et Merci se sont intéressés à la démarche de Sakina dont je vous invite à découvrir le site. Ce sac va au delà de la tendance du narcissisme, propre aux modeux, à s'approprier un sac en édition limité. Le porter est un acte militant. Il exprime la fierté de ces femmes qui fabriquent les collections de Sakina dans l'ombre modeste des ateliers de Barbès.

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Cette montagne de bagages chics pourrait être vôtre si vous avez la ténacité d'assister à des ventes aux enchères.

Dernière chose et non des moindres. Le cabinet d'expertise Chombert & Sternbach dont je vous ai parlé ici m'a parlé des prochaines ventes importantes d'objets de mode. Le 17 octobre à Drouot aura lieu la vente "l'homme, son univers et ses icônes". (exposition publique demain, dimache et lundi) Une profusion de vêtements raffinés, de montres, de bagages fantastiques... pour les filles... Les fameux tirages de Stern de Marylin Monroe?  un imperméable Burberry patiné comme il le faut? Un manteau Corneliani?  Des mocassins Vuitton en poulain à damiers? des sets de cravates Hermès des années 70 en tricot? Un bomber camel en peau lainé à tomber? Des collections étonnantes accumulées patiemment au fil d'années par des dandy de haut vol...Des trésors pour les connaisseurs.. Ne vous laissez pas intimider par l'endroit et les lots proposés. Sachez que tous les dandys que vous voyez, sur le blog du Sartorialist, ont constitué leurs collections par ce biais. Les prix de départ sont bien en dessous du prix du marché et si le lot convoité n'intéresse pas le marchand assis à coté de vous, on peut faire des affaires merveilleuses. Autre vente le 24 octobre, des fourrures et des sacs de luxe.

J'ai voulu que ce post qui clôture donc le spécial Fashion Week démontre que ces fashion week ne sont pas qu'un vaste réservoir de vanités humaines. Ce que l'on voit sur les blogs, ces personnes gâtées par la vie et la nature, s'exhibant dans des vêtements hors de prix, ces people qui se montrent aux défilés les plus courus avec cet air blasé de "j'y suis et pas toi" ne sont que la partie émergée de l'iceberg. La fashion week, c'est avant tout des gens qui bossent, qui y jouent parfois leur dernier va-tout, des gens qui tremblent, qui stressent, qui rêvent, qui dépriment, qui se sentent exclus de ce monde qui pourtant les fait rêver, des rédactrices excellentes et d'une élégance affirmée ignorées par les street stylers qui ne privilégient que la jeunesse, l'extravagance ou les marques affichées, ET surtout des gens qui ont l'amour du travail bien fait et qui jugent que l'amour du beau embellit la vie.